Déni et sacrifice de soi
Enfin,
Pour certains, faire le choix d’être heureux coûte cher !
Cela rime avec la perte d’une identité, d’une appartenance, d’une réputation…
Alors, lentement s’engage le « sacrifice de soi », vécu plus noblement comme un « don de soi ».
Malheureusement le sacrifice de soi à la fâcheuse habitude d’emporter d’autres avec soi.
Parmi ces personnes que je rencontre, beaucoup (pour ne pas dire la totalité) sont malheureux dans leur couple !
Dans ce qui suit, j’ai envie de poser un regard sur le vécu des couples belgo-turcs qui se présentent à moi.
Plus personne n’ignore que certaines communautés en Belgique (comme partout ailleurs et tous statuts socio-économiques confondus) ont recours au mariage arrangé afin de garantir le respect et la pérennité des valeurs intrinsèques à la culture d’appartenance.
Bien entendu, parmi ces unions, nous n’excluons pas les mariages d’amours et encore moins les mariages forcés !
Loin de moi l’idée d’établir une liste des modèles matrimoniaux existants et/ou de faire le procès de ces familles soucieuses d’une filiation exemplaire, à l’image de ce qui est attendu (par qui ?) !
Ce qui m’intéresse aujourd’hui ce sont surtout les stratégies de survies de ces couples ainsi que les répercussions sur la santé globales des familles.
Parce que, étrangement, ces individus qui se sont vus déposséder de leur choix « amoureux » semblent résignés au sort du destin et condamnés à répéter ce scénario inique.
Je pense, notamment, à ces parents qui à leur tour font vivre les mêmes « mésaventures » par eux vécues à leurs propres enfants ou encore à ces belles-mères qui traitent leur belle-fille de la façon même dont elles-mêmes ont été traitée.
Il en va de même pour ces jeunes hommes « condamnés » à épouser une fille « pure » du pays, en échange de biens matériels.
…
Quelles sont les raisons de ces éternels recommencements ?
Quel est le danger à sortir de cette spirale infernale, voire à la dénoncer ?
Et enfin, comment tiennent ces femmes et ces hommes en quête de bonheur fortuit.
Le déni, un des mécanismes de défense le plus efficace dans ce type de situation, a cette capacité d’enjoliver un tableau sinistre au détriment de soi. En faisant l’économie d’une situation insupportable qui nous renvoie à notre impuissance, le psychisme fait le choix, en ayant recours au déni, de maintenir nos fonctions minimales pour tenir bon.
Lorsque l’individu se sent maltraité, mal aimé, malmené, sa perception de lui-même et de sa réalité peut se voir altérée.
Si l’individu est engagé dans une relation intime et/ou affective avec l’auteur(e) de ces actes néfastes, il aura besoin d’y mettre du sens. Au cas où la victime ne trouve aucune raison acceptable, alors le déni opérera afin d’éviter l’effondrement.
Finalement, le déni c’est poser le regard là où ça fait moins mal pour éviter des dégâts que l’on imagine insurmontables.
Bien souvent, les couples qui se forment au sein de cultures traditionnelles et collectives portent des responsabilités plus larges impliquant devoirs et obligations vis-à-vis du collectif. Dès lors, les choix relevant d’une décision individuelle sont plus difficiles à réaliser. La volonté de mettre un terme à une relation dysfonctionnelle peut alors s’avérer culpabilisante et stigmatisante.
A l’instar de ces dépendances et interdépendances, l’éducation « genrée » et stéréotypée de ces hommes et de ces femmes ne soutient pas l’épanouissement individuel et les figent dans des représentations de rôles rigides et des croyances limitées.
Enfin,
Pour certains, faire le choix d’être heureux coûte cher !
Cela rime avec la perte d’une identité, d’une appartenance, d’une réputation…
Alors, lentement s’engage le « sacrifice de soi », vécu comme plus noblement un « don de soi ».
Malheureusement le sacrifice de soi à la fâcheuse habitude d’emporter d’autres avec soi.
Ceci dit, la vie en décide souvent autrement, elle a le mérite de donner l’opportunité à chacun de nous la chance de retrouver son « libre choix ».
A l’occasion d’un accident, d’une maladie, d’une prise de conscience, il nous est souvent donné la possibilité de faire « autrement ».
En tant que psychologue, mon bureau regorge de ces courageux et de ces corps rageux.
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